Les scientifiques le regardaient de haut. Munier considérait la nature en artiste.
Il ne valait rien pour les obsédés de la calculette, serviteurs du "règne de la quantité".
J'en avais rencontré quelqu'uns de ces calculateurs. Ils baguaient les colibris et éventraient les goélands pour prélever des échantillons de bile. Ils mettaient le réel en équation. Les chiffres s'additionnaient. La poésie ? Absente.
La connaissance progressait-elle ? Pas sûr.
La science masquait ses limites derrière l'accumulation des données numériques.
L'entreprise de mise en nombre du monde prétendait fait avancer le savoir. C'était prétentieux.
(Sylvain Tesson, La panthère des neiges)
No comments:
Post a Comment