L'optimisme, ce n'est pas le refus de voir ce qui ne va pas, c'est le désir de ne pas s'y attarder. // Donne moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d'accepter celles que je ne peux pas changer, et la sagesse de distinguer entre les deux. (Marc Aurèle) // Don't raise your voice; improve your argument. (Desmond Tutu) // Be the change you want to see in the world. (Gandhi)

31.7.20


Une circulation rythmique s'établissait entre le coeur battant du tambour et les mouvements des hommes : le rythme était comme un flux puissant qui pénétrait jusqu'au plus profond de leurs artères et nourrissait leurs muscles d'une vigueur renouvelée. 

Les femmes étaient les plus enragées : elles étaient véritablement déchaînées. C'est qu'elles étaient les premières à savoir qu'il n'y avait rien à mettre sur le feu, que les enfants pleuraient de faim, qu'ils dépérissaient, les membres grêles et noueux comme du bois, le ventre énorme. Elles en avaient parfois la tête dérangée et elles s'injuriaient, à l'occasion, avec des mots que ça n'est pas permis. Mais les injures des femmes, ne tirent pas à conséquence, ce n'est que du bruit fait avec le vent. Ce qui était plus grave, c'était le silence des hommes. 

- La confiance, c'est presque un mystère. Ca ne s'achète pas et ça n'a pas de prix; tu ne peux pas dire : vends m'en pour tant. C'est comme qui dirait une complicité de coeur à coeur : ça vient tout naturel et tout vrai, avec un regard peut-être et le son de la voix, ça suffit pour savoir la vérité ou la menterie.


- Si ça prend, les femmes vont rendre leurs hommes sans repos. Les plus récalcitrants vont se fatiguer de les entendre jacasser toute la sainte journée, sans compter la nuit: de l'eau, de l'eau, de l'eau... ça va faire une sonnaille de grelots sans arrêt dans leurs oreilles : de l'eau, de l'eau, de l'eau... jusqu'au moment où leurs yeux verront vraiment l'eau courir dans les jardins, les plantes pousser toutes seules, alors ils diront : Bon, oui, les femmes, c'est bien, nous consentons. 

Ce qu'une main n'est pas capable, deux peuvent le faire. Baillons-nous la main. Je viens vous proposer la paix et la réconciliation.  Quel avantage avons-nous d'être ennemis ? Si vous avez besoin d'une réponse, regardez vos enfants, regardez vos plantes : la mort est pour eux, la misère et la désolation saccagent les Fonds-Rouge. Alors, laissez la raison parler. Le sang a coulé entre nous, je sais, mais l'eau lavera le sang et la récolte nouvelle poussera sur le passé et mûrira sur l'oubli. Il n'y a qu'un moyen de nous sauver, un seul, pas deux : c'est pour nous de reformer la bonne famille des habitants, de refaire l'assemblée des travailleurs de la terre entre frères et frères, de partager notre peine et notre travail entre camarades et camarades. 


(Jacques Roumain, Gouverneurs de la Rosée)

28.7.20

- Mais, Sire... 
- Ne niez pas ! 
L'Empereur avait toujours raison, surtout lorsqu'il mentait : il n'était pas question de répliquer.

- En Bavière, vous avez vu des ours ? 
- Des ours ? De loin. 
- Un ours, quand il est blessé, il se lèche et il s'endort ? 
- Je l'ignore, Monsieur le Duc. 
- Il attaque ! On va faire pareil ! On va leur trouer ces jolis bataillons bien habillés avec nos gueux ! On va les surprendre ! On va les désorganiser ! On va les couper en morceaux mon petit Sainte-Croix. 

- Son excellence le prince de Neuchâtel...
- Qu'il entre s'il a de bonnes nouvelles. S'il en a de mauvaises, qu'il aille se faire voir! Ca me flanque de l'eczéma, les mauvaises nouvelles, n'est-ce pas Corvisart ? 

Henri, lui, continuait à avaler ses médicaments, et au contact du désarroi de Lejeune il reprenait des forces; un mal plus prenant, chez un autre, réussit parfois à vous faire oublier le vôtre; et le physique se répare souvent mieux que l'esprit. 

Un historien, disait Alexandre Dumas, défend son point de vue et choisit les héros qui servent sa démonstration. Il ajoutait que seul le romancier est impartial : il ne juge pas, il montre. 
(...dans les notes)

(La bataille, de Patrick Rambaud)

21.7.20

N’essayez pas de prédire l’avenir, assurez-vous d’y participer.
 (Saint-Exupéry)

20.7.20

Il y avait une chose chez les hommes qu'elle ne comprenait pas, ou plutôt elle la comprenait mais ne l'admettait pas: cette complète absence de civilisation, cette acceptation innée de la violence. Elle s'attendait à y être confrontée, en se rendant dans un territoire en guerre. Mais elle n'aurait jamais cru que cela viendrait précisément de ceux qui étaient censés incarner l'humanité et la paix.

La guerre civile, c'est exactement ça  : le triomphe des salauds. On les voit sortir de partout.  On s'étonne même qu'il y en ait autant et qu'on ne les remarque pas plus d'habitude.

La haine, c'est aussi fort que l'amour. Sauf qu'on a pas besoin de demander son avis à l'autre. 

Chacun devient le gardien de son propre territoire. Un fil tendu au travers d'une route, quelques huttes de feuilles, des armes souvent rudimentaires, et l'on se trouve devant un check-point. d'un point de vue métaphorique, le check-point est aussi devenu le symbole du passage d'un univers à un autre, d'un ensemble de valeurs donné à son contraire, de l'entrée dans l'inconnu, le danger peut-être.

(In Check-point de Jean-Christophe Rufin)

4.7.20

Un scientifique lira des centaines de livres et continuera de douter. 
Le fanatique n’en lira qu’un seul et sera convaincu de détenir la vérité. 
(Richard Lippa)

Ce qu'il nous faut faire pour permettre à la magie de s'emparer de nous c'est chasser les doutes de notre esprit. 
Une fois que les doutes ont disparus, tout est possible. 
(Carlos Castaneda)