Solal les regarda faire sans vraiment regarder, pour que les images n’aillent pas de ses yeux à son cerveau, et de son cerveau à son âme. Ne pas réfléchir. Ne pas se souvenir. Laisser toute cette merde ici, dans cette partie de l’Afrique qu’il espérait bientôt quitter et dont il ne voulait rien garder.
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- Oui, mais le profilage est loin d’être une science exacte.
– Pour l’instant, on est moins dans l’exactitude que dans l’urgence.
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Vous agissez comme un criminel, vous comprendrez que nous agissions comme des flics.
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Par exemple, une lettre est un acte réfléchi, civilisé. On l’écrit, on la relit, on la corrige, ça prend du temps et le temps apaise les mots.
...Mais les réseaux sociaux transmettent des expressions réflexes, des cris, des réactions à chaud qui traduisent ce que nous avons en nous de primitif et d’animal, et je crains qu’ils soient plus fidèles à nos intentions que vous ne le pensez.
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Il laissa ainsi seul celui à qui revenait la tâche de penser une nouvelle économie pour sauver la planète et qui avait pourtant toutes les peines du monde à faire changer les sachets de thé dans sa propre cuisine.
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Plus les effets sont lointains, moins ils nous touchent. Cent mille morts africains prendront toujours moins de place aux informations que quatre gamins français décédés dans un accident de manège.
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Ne croyez pas que ceux à qui vous avez donné le pouvoir, ou ceux qui l’ont réellement, cherchent une manière de nous sauver de la catastrophe mondiale climatique. Ils ne font que sélectionner ceux qui seront épargnés. Et si vous vous demandez qui seront les élus, c’est que vous n’en faites pas partie. L’ONU reconnaît 197 pays. La totalité des milliers de camps de réfugiés devient alors le pays numéro 198, peuplé d’une nouvelle génération d’esclaves. Bienvenue dans le “Pays 198”.
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C’est bien l’Homme la victime, et pas la planète. La planète n’a que faire de ses habitants. La Terre a 4 milliards 600 millions d’années et nous, à peine trois millions. Nous existons depuis 0,0002 % de son existence. Nous sommes un mauvais rhume, une intoxication passagère, et nous disparaîtrons pour la laisser tourner encore des milliards d’années. Elle ne craint rien, elle patientera jusqu’à notre mort.
(Impact de Olivier Norek)