1888 - 2016, pas de changement chez les journalistes...
Mon inquiétude unique devant le journalisme actuel, c’est l’état de surexcitation nerveuse dans lequel il tient la nation. Aujourd’hui remarquez quelle importance démesurée prend le moindre fait, des centaines de journaux le publient à la fois, le commentent, l’amplifient et souvent, pendant une semaine, il n’est pas question d’autre chose. Ce sont chaque matin de nouveaux détails. Les colonnes s’emplissent. Chaque feuille tâche de pousser au tirage en satisfaisant davantage la curiosité de ses lecteurs. Une secousse continuelle se propage d’un bout à l’autre dans le public. (…) Quand une affaire est finie, une autre commence. Les journaux ne cessent de vivre dans cette existence de casse-cou. Si les sujets d’émotion manquent, ils en inventent. Jadis, les faits, même les plus graves, parce qu’ils étaient moins répandus et moins commentés, ne donnaient pas à chaque fois ces accès violents de fièvre au pays.
Ce régime de secousses incessantes me paraît mauvais.
(Emile zola, Le Figaro, le 24 Novembre 1888)
No comments:
Post a Comment