La religion fait peut-être aimer Dieu
mais rien n'est plus fort pour faire détester l'homme et haïr l'humanité.
Quel meilleur moyen que l’espoir et le merveilleux pour
enchaîner les peuples à leurs croyances, car qui croit a peur et qui a peur
croit aveuglément.
C’était le regard d’un homme qui, comme lui, avait fait
la perturbante découverte que la religion peut se bâtir sur le contraire de la
vérité et devenir de ce fait la gardienne acharnée du mensonge originel.
Ce que son esprit rejetait n’était pas tant la religion
que l’écrasement de l’homme par la religion.
Or la religion s’appauvrit et perd de sa virulence si
rien ne vient la malmener. Elle se revitalise autant dans le stade et sur le
champ de bataille que dans l’étude sereine en mockba .
La novlangue (était, dans le roman 1984) une langue inventée en laboratoire qui avait
le pouvoir d’annihiler chez le locuteur la volonté et la curiosité. Nos chefs
d’alors prirent pour base de leur philosophie les trois principes qui ont
présidé à la création du système politique de l’Angsoc :
“La guerre c’est la
paix”,
“La liberté c’est l’esclavage”,
“L’ignorance c’est la force”
ils ont
ajouté trois principes de leur cru :
“La mort c’est la vie”,
“Le mensonge c’est
la vérité”,
“La logique c’est l’absurde”.
2084. La fin du monde, de Boualem Sansal
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